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La vente de 36 rafales est sur le point d'être conclu en Inde

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se rend en Inde vendredi 23 septembre à New Dehli en Inde pour vendre trente-six avions de combat Rafale.


Selon la presse indienne, le montant du contrat serait compris dans une fourchette allant de 7,6 à 8,1 milliards d’euros.


Le protocole d’accord comprendrait un volet sur les « offsets » – transferts de technologies et contreparties industrielles –, dont la valeur représenterait 50 % de celle du contrat Rafale au lieu des 30 % prévus initialement. L’avionneur s’est engagé à acquérir des pièces aéronautiques fabriquées en Inde.


La visite de M. Le Drian en Inde clôturera un long feuilleton aux multiples rebondissements. Tout commence en 2001, soit deux ans après le conflit du Kargil, sur les hauteurs de l’Himalaya, où les Mirage 2000 de Dassault ont contribué à la victoire de l’Inde contre le Pakistan. New Delhi travaille sur un appel d’offres portant sur l’acquisition de 126 avions de combat, dont le début de la livraison est prévu d’ici à 2020.

La compétition est ouverte six ans plus tard, en 2007, et prévoit l’assemblage de 108 appareils sur le sol Indien en partenariat avec l’entreprise publique Hindustan Aeronautics Limited (HAL), et l’achat de 18 avions « sur étagères », prêts à voler.


Tous les grands constructeurs de la planète se pressent pour proposer leurs avions afin d’emporter « le contrat du siècle ». Cela va du MIG 35 russe, au F-16N Super Viper de l’américain General Dynamics en passant par le F-18 Super Hornet de Boeing ou le Gripen du suédois Saab. Ces avionneurs sont progressivement écartés, pour ne laisser finalement que deux européens, l’Eurofighter Typhoon et le Rafale de Dassault.


En janvier 2012, l’Inde choisit d’entrer en négociation exclusive avec les Français. Avec, pour idée-force, d’assembler les appareils sur son sol.


Au fil des mois, les discussions butent sur le montant du contrat, gonflé par l’importance des coûts d’assemblage sur les chaînes indiennes et la formation des équipes. Elles s’enlisent rapidement faute de trouver sur place les sous-traitants ayant les compétences nécessaires pour fabriquer les pièces.


Le document retraçant ces discussions a fini par ressembler à une caisse de pièces détachées : plus d’un mètre de haut, 15 000 pages !


Le coup d’arrêt viendra quand les négociateurs indiens demanderont à l’avionneur français de garantir la qualité des avions fabriqués localement. L’Inde renonce alors à assembler les Rafale sur son sol.

Trente-cinq mois plus tard, en décembre 2014, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, rencontre à New Delhi son nouvel homologue indien, Manohar Parrikar.


Ensemble, ils décident de reprendre et d’accélérer la négociation pour pouvoir aboutir à un accord lors de la visite en France du premier ministre, Narendra Mori, prévue en avril 2015. La discussion s’intensifie sans pour autant avancer.


Pour sortir de ce mauvais pas, à la veille de l’arrivée à Paris de M. Modi, les Indiens font parvenir un nouveau contrat, sur un format plus réduit, mais avec une acquisition immédiate.

La proposition est acceptée par Paris ; le nombre d’avions n’est pas fixé, il sera discuté pour être arrêté, finalement, le 10 avril, à 36 Rafale.


Fini donc les 126 appareils du contrat initial. Pour éviter d’avoir à lancer un nouvel appel d’offres obligeant à ouvrir une compétition qui aurait encore rallongé le calendrier, New Delhi invoque l’urgence opérationnelle permettant de réaliser cet achat par un accord de gouvernement à gouvernement.


Les discussions sur ce nouveau format ont alors repris entre les Français et les Indiens, sur fond de tentatives de déstabilisation russes et américaines, ainsi que, de la part des Britanniques, qui espèrent relancerl’Eurofighter.


En janvier 2016, la visite de François Hollande en Inde ne permet pas de débloquer le dossier qui bute sur les prix. Un accord « politique » est alors signé avec M. Modi encadrant cette vente. « Il fallait mettre au point le dispositif de base, qui intègre à la fois les délais, la garantie d’Etat, la définition des spécificités de l’appareil, les procédures en cas de contentieux. Tout cela a fait l’objet d’un document extrêmement technique qui a abouti lundi », expliquait à l’époque M. Le Drian.


Chacun compte alors sur un aboutissement rapide des discussions : « Dans quelques jours », affirmait sans trop y croire M. Hollande. « Aussi vite que possible », ajoutait le premier ministre indien. « Entre quelques jours et quelques semaines », tempérait M. Le Drian tandis qu’Eric Trappier, le patron de Dassault Aviation, se donnait quatre semaines pour finaliser le contrat.


Mais le document doit franchir toutes les étapes de l’administration indienne afin d’être validé, d’où la lenteur. Quelques mois plus tard, le 21 avril, le BJP, le parti de M. Modi, tente d’accélérer le processus. Sur sa page Facebook, il annonce l’accord en saluant les économies réalisées par le gouvernement dans cette négociation qui a ramené le prix des avions de 12 à 8,8 milliards de dollars. En vain.


Et fin juillet, alors que rien ne semble avancer, le PDG de Dassault Aviation, à l’occasion de la présentation des résultats semestriels du groupe, résume ainsi la situation : « Nous avons réglé 99,9 % des sujets et, vu de ma fenêtre, la balle est réellement dans le camp indien. »


Pendant tout ce temps, l’armée de l’air indienne n’a cessé d’alerter son gouvernement sur l’urgence d’une prise de décision en raison du vieillissement de ses escadrilles, alors que le pays connaît des conflits larvés à ses frontières avec le Pakistan et la Chine.


Si l’aviation est essentiellement composée d’appareils russes, plus de 300 MIG et 160 Soukhoï, elle a été le premier client export de Dassault en achetant, en 1953, l’Ouragan, une centaine au total, puis autant de Mystère IV à la fin des années 1950, un même nombre de l’avion franco-britannique Jaguar en 1978. L’armée s’est ensuite équipée de 59 Mirage 2000 entre le milieu des années 1980 et l’an 2 000. Aujourd’hui, 51 de ces avions sont en cours de modernisation.


A chaque fois cependant les négociations sont longues, complexes, pouvant même durer plus que la durée de fabrication de l’appareil convoité.

Ce fut le cas pour les avions d’entraînement dont l’Inde voulait s’équiper. La compétition a duré vingt-deux ans, opposant au départ l’Alpha Jet de Dassault au Hawk de BAE Systems. Au bout de quinze ans, l’avionneur français a prévenu qu’il allait arrêter sa chaîne de production faute de client. Sans effet, puisque la réflexion a encore duré sept ans. Faute de concurrent, le choix s’est porté sur l’avion britannique au début des années 2000.


S’il emporte cette première tranche de 36 Rafale, Dassault ne compte pas s’arrêter là, avec la prochaine commande de 90 appareils que l’Inde pourrait lancer, et comme contrainte, cette fois, la fabrication sur place des avions de chasse au nom du « make in India ». Cela prendra néanmoins du temps.


L’Inde n’est pas le seul pays où le temps s’écoule lentement, c’est aussi le cas des Emirats arabes unis où 60 Rafale sont en négociation depuis juin 2008, soit depuis plus de six ans. Aucune échéance n’est avancée, mais l’avionneur se tient prêt à monter les cadences de production au cas où.

Source : Le Monde.

Sur le même thème : http://candicemassucci2.wixsite.com/spacenews/single-post/2016/09/26/La-vente-des-rafales-est-sign%C3%A9e-en-Inde

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